Aphorismes, Jean-Pierre Otte

L i v r e s

Un livre n’existe vraiment que dès lors qu’un lecteur l’a recréé en lui-même.

J’imagine à mon avantage l’éternité comme un labyrinthe où seraient disposés sur d’invisibles rayons les livres de tous les temps et de tous les lieux, ceux du présent, du passé et de l’avenir ; ceux-là mêmes qui n’ont pas encore été écrits, ne le seront peut-être jamais, ou alors, tracés à l’encre sympathique et attendant l’effet d’une autre chaleur pour que leurs caractères se révèlent à nous.

Ce n’est pas toujours la grande littérature qui nous fait évoluer, mais celle, quelle qu’elle soit, avec laquelle nous sommes en phase à un moment donné.

Il y a un temps où il faut se délivrer des livres, et plonger la tête la première dans la vie.

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É c r i t ur e — É c r i v a i n

Si tous les livres lus sont autant d’échappées belles sur les routes du monde, écrire, c’est s’inventer des chemins vierges.

L’écrivain est un lieu où les choses se passent sous les apparences Un lieu de fermentation, de réflexion, de transformation. l’écrivain comme le viticulteur travaille aussi bien à susciter l’ivresse qu’à rendre habitable ce monde et à rendre habitable cet univers particulier que nous portons, diversement, chacun en nous-mêmes.

Si la littérature a un rôle souverain à jouer, c’est d’abord de restaurer une intimité que personne ne partage plus et de restituer à chacun la certitude d’exister à titre d’exception dans une double appartenance à soi-même et au monde.

© Jean-Pierre Otte, revue Traversées n° 99, 3e trimestre 2021, Virton, Belgique