© 2015, Josse Goffin, Regard à gauche

L'édito de Patrice

Patrice Breno

Texte

Paris, ville lumière !
Où fait-il bon même au cœur de l’orage (Louis Aragon)
Je t’écris/ en cherchant dans la manche du monde/ une main/ qui transforme la balle en drapeau blanc (Baktash Abtin)
Quelle heure ô dieux quelle heure est-il/ à l’horloge de ton ingrat destin (Jean-Marie Alfroy)

Je vis le monde comme un effondrement intérieur (Nicolas Aury)
Passer du chagrin à la gaieté/ Ne rien laisser paraître sous peine/ d’en découdre par après (Patrick Beaucamps)
Que penser d’un monde/ Où l’on mutile les statues (Michel Bénard)
Elle se souvient des voix aimées et découvre que chaque jour elle les entend mieux en elle : la mélodie du dedans (Jean Bensimon)
Adieu les corps gorgés de vie et de jeunesse et de promesses (Paul Bhers)
Là si loin le son strident des amours/ perdues bénies amères (Marie-Claude Bourjon)
Qu’est-ce qui nous empêche de vivre selon notre bon vouloir ? Qu’est-ce qui bloque et fait défaut tout au long de notre vie ici-bas ? (Daniel Brochard)

Je voulais prendre/ le bateau pour quitter chaque trou à rat/ chaque trou à rat que je croise (Tom Buron)
...ce qu’il reste de la place, entouré de fantômes, de récits et de légendes, un olivier majestueux protège ce qu’il reste d’ombre (Caroline Callant)
Et tes yeux me parlent d’un nouveau monde pas encore franchi
et tout plein d’espérance (Olivier Cantenys)
Le ciel donne toujours/ la même sentence d’étoiles (Laurent Cauchon)
Le silence qui s’étouffe en fracas/ nous étreint et cause quelque tracas/ il faut si peu pour disparaître (Frédéric Chef)
Toutes les couleurs de la mélancolie/ Toutes les nuances de la vie,/ Tous les souvenirs de l’oubli,/ Toutes les guernicas de paris !/ Entre toi et moi... (Farid Chettouh)
Je pleure/ face à l’évidence (Laure Escudier)

Oh ! Un arbre s’avance/ Chut, laissons-le chanter (Xavier Frandon)
Souvent, nous crions à travers les yeux des autres (Pierre-William Fregonese)
Que sera l’année ?/ après le dernier désastre/ et l’incertitude/ de la prochaine saison -/ vaut-il mieux prévoir l’enfer ? (Alhama Garcia)
Dans la rue le soleil n’avait pas changé de place ni sa chaleur de rayonnement (Pierre Geranio)
Il règne ici, un calme relatif, parfois mis à bas par l’éclat intempestif d’un éclair... (Eric Godichaud)
Le lac noir de la folie/ tes yeux constellés de mélancolie (Nicolas Grenier)

Je traverse en silence/ Un lieu ailleurs/ Que je connais pourtant (François Ibanez)
Reprendre pied dans la Réalité prendre la clé des champs (Hervé Jamin)
Il y a eu ce moment où le ciel s’est mis à fondre en larmes dans une espèce de vertige des parfums (Benoit Jeantet)
Ceux qui tiennent debout par leur volonté propre/
Titubent quelquefois en levant leur supplique/ Ils ne parlent jamais sauf en leur intérieur/
Mais ils sont transparents leur peau a la pâleur des enfants innocents (Marine Laurent)

Il faut peut-être passer par le désenchantement/ du monde/ pour enfin/ le prendre/ à bras-le-corps (Anne Léger)
Comment ignorer la violence/ Je l’entends jusque dans le ventre des mères (Gérard Lemaire)
La seule géographie dont on est certain est la géographie intérieure (Serge Muscat)

Tu cherches/ toile du quotidien écarté/ l’éclaircissement (Jean-Pierre Parra)
La lune blanche/ Tel un projo de ciné/ Troue la nuit pour voir (Christophe Poirier)
Rêvasser est nécessaire (Thierry Radière)
Traversée / sur le pont suspendu/ mon souffle (Christiane Ranieri)

Besoin d’un peu de baume à l’âme/ J’en appelle à Satie (Nathalie Wargnies)
Tous les auteurs (sauf Louis Aragon) cités dans cet éditorial sont publiés dans le présent numéro. Tous ces textes ont été écrits bien avant les tristes événements de Paris. Je les ai recueillis avec mon cœur tout simplement...


L’équipe de Traversées se joint à moi pour transmettre nos pensées les plus amicales et les plus émues à tous ceux qui de près ou de loin ont souffert et continueront à souffrir. Il est de ces souvenirs qui ne s’estompent jamais.

Qu’à l’aube de 2016, toutes les femmes, tous les hommes et tous les enfants se serrent la main et se tiennent les coudes pour que l’avenir leur soit meilleur !


Metadata

Auteurs
Patrice Breno
Sujet
Editorial
Genre
Prose
Langue
Français