Editorial
Myriam Watthee-Delmotte
Texte
« J’entendais me donner et je le fis. »
Charles Plisnier, Faux passeports
Charles Plisnier, dans Faux passeports, le roman qui lui a valu en 1937 le premier Prix Goncourt attribué de manière remarquable à un écrivain non Français, faisait le point sur la griserie d’une mystique de l’action politique et le désenchantement qui peut s’ensuivre.
«Peut-être n’étais-je pas un vrai communiste ? Peut-être suis-je seulement à la poursuite de l’homme ?» écrit le narrateur des Souvenirs d’un agitateur sur lesquels s’ouvre le volume.
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La question de l’engagement peut en effet se poser en termes de politikè (la politique, c’est-à- dire l’institution et l’idéologie) ou de politeia (le politique, c’est-à-dire l’engagement citoyen, le souci du vivre-ensemble dans une perspective large, humaniste), l’un ne recoupant pas nécessairement l’autre. Cette dichotomie s’affirme avec force lorsque l’actualité témoigne de l’effondrement de certains modèles politiques simultanément à de violentes crispations identitaires, et d’une crise de confiance générale dans la culture.
Le 3 décembre 2016, l’Association Charles Plisnier a consacré une journée d’études au thème « Littérature et engagement », décliné sous diverses formes, dont on trouve ici la trace, dans un dossier constitué par Jacques Lefebvre et Myriam Watthee-Delmotte.
Il s’agit d’abord de rendre hommage à la figure de Pierre Emmanuel, poète, résistant et homme aux multiples responsabilités culturelles, dont on fête en 2016 le centenaire de la naissance.
Les travaux graphiques que l’artiste Roger Coppe a consacrés à l’écrivain, qui ont fait l’objet d’une exposition à la Maison de la Francité, ponctuent visuellement ce parcours, avec un certain nombre de documents d’archives relatifs à Pierre Emmanuel.
On donne ensuite la parole à des écrivains et des passeurs de culture d’aujourd’hui, pour témoigner de la sensibilité contemporaine en Francophonie de Belgique quant à ce qui unit littérature et engagement. La rubrique « La littérature sort de la page » rappelle les débuts de la radio francophone belge et la progressive conquête des ondes par la littérature, initialement non attendue dans ce contexte.
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Comme toujours, cette livraison reprend aussi des articles qui ne concernent pas la thématique globale, et des recensions. La variété des aspects de la francophonie est notre objectif prioritaire.
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Enfin, ce volume se clôture sur un hommage à la rédactrice en chef de Francophonie vivante, Marie-Ange Bernard, qui passe désormais le relais à Jérémy Lambert après 11 années de service qui auront marqué la revue de son empreinte.
La multiplicité des voix qui se sont exprimées pour saluer et remercier l’ancienne directrice de la revue par une dédicace reflète bien la variété des points de vue qui ont eu l’occasion de se rassembler autour d’elle au sein de la revue, pour témoigner ensemble de la richesse de la francophonie.
Un immense merci encore à Marie-Ange Bernard pour son propre engagement sans faille au service de la francophonie dans ses variations géographiques et historiques, pour son écoute attentive et son accueil stimulant des Francophones dans leur diversité (d’âge, de tempérament, de discipline, d’intérêts, etc.).
Une nouvelle phase s’ouvre donc désormais pour Francophonie vivante.
Son nouveau rédacteur en chef Jérémy Lambert, membre actif du Conseil d’administration de l’Association Charles Plisnier et membre du comité de programmation des Midis de la Poésie, par ailleurs aguerri au travail éditorial dans le cadre de plusieurs publications précédentes, travaillera entouré d’un comité éditorial qui comprend un responsable par rubrique :
Varia (Laurence Pieropan), Recensions de la vie culturelle (Pierre Schroven), « La littérature sort de la page » (Myriam Watthee-Delmotte).
Chaque dossier thématique sera désormais confié à un ou deux coordinateur(s).
Chaque volume rappellera quelques belles citations de Charles Plisnier, et comprendra des éléments de création littéraire et plastique, sélectionnés et présentés par Perrine Estienne et Myriam Watthee-Delmotte.
Laurence van Ypersele, Vincent Calay et Thibaut Radomme prêteront main forte dans diverses tâches éditoriales.
Changement notoire lié à l’augmentation des coûts de production et d’envoi survenant simultanément à une diminution des subsides dans le domaine de la culture: la revue va devenir semestrielle, mais le nombre de pages annuelles sera maintenu.
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Le prochain volume, et le premier sous la houlette de Jérémy Lambert, sera donc celui de juin 2017.
Son dossier, coordonné par Michel Voiturier, portera sur le jeu.
Un renouvellement de la maquette graphique accompagnera tout naturellement ce changement de direction.
La revue, organe de visibilité de l’Association Charles Plisnier, est actuellement le seul périodique à proposer de suivre la vie de la francophonie sous tous ses angles : linguistique, littéraire, historique, événementiel. Sa place est donc unique, et incontestablement utile dans le paysage éditorial.
Merci à chacun de penser à continuer à soutenir son action par le versement de sa cotisation 2017, geste indispensable pour que le travail puisse se poursuivre, avec des objectifs inchangés, dans le plaisir du partage.
© Myriam Watthee-Delmotte, 2016