© 2015, Josse Goffin, Regard à gauche

Pour un film primé, mille artistes cachés

 Dimitra Bouras

Texte

Pourquoi ne pourrions-nous pas être fiers de notre cinéma ? Pourquoi toujours faire profil bas, être modestes, petits même ?
Nous aussi on veut du glamour, des belles robes, des belles gueules, des coiffures excentriques et des statuettes qu'on brandit.
L'argent public soutient le cinéma belge, alors, les citoyens aussi ont le droit de rêver, ils y contribuent suffisamment !

Ce qu'on oublie parfois, c'est que tous ces talents, ces occasions pour les ministres et leurs responsables de cabinet, les hauts fonctionnaires et la crème des entrepreneurs culturels de s'offrir de beaux galas au nom de la culture et du cinéma, pour tous ces moments donc, des milliers de marginaux, des éternels adolescents, des adultes qui n'ont pas été capables de se décider à embrasser une carrière stable, un boulot sûr (même s'il faut parfois mordre sur sa chique et accepter l'humiliation mais au moins on y fait preuve de responsabilité!), bref des milliers d' « artistes » ont gardé leur passion, leur foi, leur désir et ont accepté de vivoter entre deux contrats (s'ils ont eu la chance d'être payés !, car le bénévolat est monnaie courante dans ce milieu, déjà qu'ils ont la chance de faire le boulot de leur rêve, vivre leur passion, tant pis s'il ne sont pas rémunérés !).

Des fous ont préféré avoir faim, et parfois froid, être considérés comme des immatures plutôt que de réorienter leur parcours professionnel, continuer à vouloir exercer leur art, travailler pendant des heures leurs partitions, apprendre des textes, exercer la souplesse de leur corps, écrire des histoires, hachurer et réécrire, tout cela gratuitement, sans recevoir un sous, ou le minimum vital de la caisse des allocations de chômage.

Mais peut-être que cela va changer avec la direction que veut prendre l'actuelle Ministre de la culture, « mettre l'artiste au centre », peut-être en lui donnant un statut ?

Dimitra Bouras



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 Dimitra Bouras